Pourquoi j'admire la Bolivie!


Bien qu’étant systématiquement présenté par les médias français comme l'un des pays les plus pauvres de l’Amérique du Sud, la Bolivie est en réalité le pays le plus riche de tout le continent américain en ressources naturelles : lithium (la moitié des réserves du globe), étain, gaz naturel, pétrole, zinc, or, argent, tungstène, antimoine, fer, plomb, cuivre, arsenic, antimoine, cadmium, manganèse, bismuth mais également bois de construction et barrages hydro-électrique.

Pourquoi j'admire la Bolivie?

Premièrement j'admire le fait que dans ce pays, la loi des groupes citoyens et peuples indigènes, promulguée le 6 juillet 2004 ai définitivement mis fin au monopole des partis politiques pour les principales élections du pays. Cette loi a autorisé des groupes de citoyens (Agrupaciones ciudadanas) et les peuples indigènes à présenter les candidats de leur choix lors des scrutins municipaux, départementaux et nationaux. Ensuite j'admire tout simplement Evo Morales le président de la Bolivie, de la même manière que j'admire d'autres socialistes d'Amérique du Sud tel que Rafael Correa en Equateur, José Mujica ancien président de l'Urugay, Jacobo Árbenz président du Guatemala dans les années 50 ou encore Hugo Chavez feu président du Vénézuela de 1999 à 2007 mais aussi d'autres hommes d'Etat comme l'iranien Mohammad Mossadegh dans les années 50.




Qui est Evo Morales?

Evo Morales est le Président de la Bolivie. Proche des idées d'Hugo Chavez et de Fidel Castro, Morales est bien entendu la "bête noire" du gouvernement des Etats-Unis d'Amérique car il est l'un des symboles modernes de ce désir de souveraineté populaire et de refus catégorique de l'interventionnisme états-uniens. 

Contrairement à tous nos présidents français, Evo Morales n'est pas né d'une famille aisé ou bourgeoise et il n'est pas entré non plus dans la politique par soucis de carrière ou soif de pouvoir. Issu d'une modeste famille de paysans amérindiens, Evo Morales a dû rapidement mettre un terme à sa scolarité pour gagner sa vie. Il exerça des emplois aussi divers que peintre en bâtiment, maçon, boulanger ou bien encore trompettiste, avant d'effectuer son service militaire obligatoire. Sa langue maternelle est l'aymara, (la Bolivie reconnait 37 langues officielles.) il apprendra ensuite le quechua au contact des populations migrantes établies comme lui dans le Chapare, mais il ne maitrise pas suffisamment bien ces deux langues pour pouvoir tenir un discours. Son espagnol est également parfois hésitant, ce qui du au fait que sa scolarité fut interrompue ayant dû très jeune subvenir aux besoins de sa famille. 

Fervent défenseur depuis sa plus tendre jeunesse de la coca, plante emblématique de la culture indienne, Evo fait face très tôt aux injustices dont semblent être victimes les habitants locaux, dont les revenus principaux sont générés par la production de coca (la Bolivie est le troisième producteur de feuilles de coca au monde derrière la Colombie et le Pérou). Morales décide alors de s'engager dans le combat politique et la lutte syndicale. En 2002 il se présente pour la première fois à l'élection présidentielle du pays et obtient plus de 20 % des voix, ne comptabilisant au premier tour que 2 points de retard sur le candidat élu (le libéral Sánchez de Lozada). Il s'impose alors comme une personnalité capable de fédérer l'opposition sociale et politique bolivienne au gouvernement néo-libéral de Gonzalo Sánchez de Lozada (alias « Goni ») président de la Bolivie de 1993 à 1997 puis de 2002 à 2003. La droite tente alors d'empêcher l'entrée de députés amérindiens (pourtant élus) du MAS au Parlement.

Le MAS plus exactement MAS-IPSP : "El Movimiento al Socialismo-Instrumento Político por la Soberanía de los Pueblos, c'est le Mouvement vers le Socialisme et Instrument Politique pour la Souveraineté des Peuples. Ce mouvement social et politique fut fondé le 23 juillet 1997 par Evo Morales. Bien plus qu'un simple parti politique Morales le présenta comme un instrument de mouvements sociaux, ce qui est tout à fait exact puisque sa structure n'est similaire à aucune autre, elle rassemble en effet toutes les forces sociales du pays (syndicalistes, des mouvements de citoyens, etc.)

En 2005, trois ans après sa première candidature, Evo Morales remporte à 46 ans l'élection présidentielle dès le premier tour, une première, avec 53,74% des voix (ça change de chez nous où le candidat qui deviendra président est en réalité rejeté au premier tour par 70 ou 80% de la population). Morales devient ainsi le tout premier président indigène de l'histoire de la Bolivie.

Avec l’élection de Morales, ce fut un nouveau pays de gauche pour l'Amérique du Sud après Luíz Inácio da Silva (dit Lula) pour le Brésil, Hugo Chávez pour le Venezuela, Michelle Bachelet pour le Chili et Tabaré Vázquez  pour l'Uruguay : le successeur de José Mujica, un autre grand homme que j'admire (voir rapide biographie ici et interview pour le film Humain de Yann Arthus-Bertrand ici).

Le fait qu'Evo Morales ai remporté la présidentielle dès le premier tour avec 53,74% des voix est un élément très important. Cela lui a en effet permis d'éviter une très longue et complexe négociation politique avec les partis traditionnels de droite qui aurait sans aucun doute restreint sa marge de manoeuvre et ses envies de réformes socialistes. Malgré cette victoire éclatante Morales et son parti ont quand même dû être contraint à négocier avec l'opposition certaines choses afin de pouvoir mettre en application les mesures requérant la majorité des deux deux tiers des voix au sein du Congrès. (comme par exemple son projet de Constituante)

Il nomma ensuite son gouvernement composé de seize ministres issus du MAS et des mouvements indigènes, paysans et syndicaux. Pour la première fois dans l'histoire de ce pays, une femme, Alicia Munoz Ale, obtient le ministère de l'Intérieur. Lors du discours qu'il prononce en cette occasion, Evo Morales réaffirma sa volonté de « changer le modèle néolibéral » et de combattre la corruption, exigeant des membres de son gouvernement un « niveau zéro de corruption et de bureaucratie ». En arrivant au pouvoir il décida de redonner le pouvoir au peuple et c'est pour cette raison qu'il crée en 2008, une Assemblée Constituante. Notons qu'il n'imposa pas une Assemblée Constituante à ses citoyens mais qu'il leur demanda leur autorisation. L'Assemblée Constituante fut accepté en référendum par deux tiers des boliviens.

Qu'est ce qu'une Assemblée Constituante?

Une Assemblée Constituante est une institution collégiale qui a pour tâche la rédaction ou l'adoption d'une constitution qui est le texte fondamental d'organisation des pouvoirs publics d'un pays. Bien que la Constituante soit un véritable organe du processus démocratique, on ne l'a trouve par exemple dans aucun pays occidental si ce n'est en Suisse dans le canton de Genève. 

L'Assemblée Constituante est défendue depuis des années en France par le professeur d'économie Etienne Chouard (qui défend également ardemment le tirage au sort). L'Assemblée Constituante est désormais aussi défendue et même proposé par le candidat à l'élection présidentielle Jean-Luc Mélenchon. Aujourd'hui les élus peuvent faire ce que bon leur semble, rien ne porte à conséquence puisque ces derniers ne sont contrôlés ni avant ni pendant ni après leur mandat et surtout jamais révocables peu importe si leur politique cause du tord à la nation. Pouvoir les contrôler et les sanctionner an cas de fautes reviendrait à être en mandat impératif or comme le dit très explicitement l'article 27 de la constitution française du 4 octobre 1958 : « Tout mandat impératif est nul. La Ve République est sous mandat représentatif, notre impuissance politique est donc belle et bien programmée par le texte de la Constitution actuelle, d'où la nécessité de le changer car comme le dit si bien Etienne Chouard depuis des années : "Ce ne sont pas aux hommes de pouvoir d'écrire les règles du pouvoir."









Pour revenir à la Bolivie, l'Assemblée Constituante est composée dans ce pays de gens du peuple et elle est présidée par une femme indigène quechua. Cette Assemblée Constituante a eu un an pour élaborer une nouvelle constitution nationale dans le but de réformer l'Etat en profondeur : modes de représentation et de participation politique, organisation territoriale, rôle de l'Etat dans l'économie, réforme agraire, reconnaissance de la diversité nationale et des communautés indigènes etc. Cette Assemblée Constituante a également permis de redonner le pouvoir au peuple, par des changements fondamentaux comme par exemple le contrôle démocratique des ressources naturelles (la terre, le gaz, le pétrole). L’égalité des droits fut aussi mise en place, ce qui permit l’émancipation des Indiens (60 % de la population) et des pauvres notamment.

Après la rédaction de cette nouvelle Constitution par l'Assemblée Constituante (qui je précise n’est composée ici que de gens du peuple et non de professionnels de la politique carriéristes et prostituées des puissants comme chez nous), Morales annonça que cette nouvelle Constitution serait soumis à un référendum le 4 mai 2008.

Réalisez-vous? Cet homme a non seulement demandé au peuple s'il souhaitait une nouvelle constitution puis il a ensuite choisi uniquement des gens du peuple pour la rédiger et pour finir il a voulu qu'une fois achevée elle soit en plus validée par l'ensemble de la populations. Peut-on faire plus démocratique? A-t-on vu quelque chose d'aussi démocratique en France durant ces deux derniers siècle? Absolument pas! Nous ce sont des hommes que l'on nous impose qui nous impose nos règles et le dernier référendum on a dit non et on nous l'a mis quand même.

La Cour électorale refusa bien évidemment de valider sa convocation, arguant que la procédure était illégale. Le recours au référendum aurait soit-disant été voté alors que les députés de l'opposition étaient maintenus à l'extérieur de l'enceinte du Parlement par des manifestants.

Notez que la volonté de vouloir faire appel au peuple (Assemblée Constituante + référendum du peuple derrière) fut pour la Cour électorale « illégale », cela veut tout dire des problèmes de toutes nos sociétés où les citoyens ne sont que des esclaves. Sans surprise cette nouvelle constitution proposée par le président démocratiquement élu dès le 1er tour et rédigée par le peuple et validée par le peuple fut donc déclarée illégale par les autorités nationales et non reconnu par les instances internationales comme l'Organisation des États américains ou l'Union européenne (bah voyons).

En réponse, Evo Morales décida de convoquer, avec l'accord du Parlement et de l'opposition, un référendum révocatoire où son poste et ceux des neuf préfets élus seraient alrs mis en jeu (courage jamais observé chez un homme politique occidental par exemple). Le 10 août 2008, il remporte ce référundum révocatoire en recueillant 67 % des suffrages ; le préfet de Cochabamba, Manfred Reyes, leader de l'opposition de droite, est quant à lui démis.

Durant son premier mandat, Morales mis l'accent sur l'alphabétisation et la pauvreté (augmentation du salaire minimum de 13% lors de la seule année 2006, de 58% au total en un mandat (du jamais vu) mais aussi la distribution de bons scolaires aux foyers pauvres et la loi de redistribution des terres, et la mortalité infantile, se souciant des classes misérables, en majorité indigènes, et largement délaissées auparavant.

Pour quelles autres raisons j'admire le gouvernement d'Evo Morales?

Le 13 mai 2009, le gouvernement d'Evo Morales interdit formellement l'utilisation des animaux aussi bien domestiques que sauvages dans les cirques, jugeant qu'il s'agissait d'un "acte de cruauté inutile", c'est d'ailleurs comme ça que j'ai commencé à m'intéresser à ce pays. Cette décision fut d'autant plus belle et puissante qu'elle fut prise à l'unanimité par les députés boliviens! Les injustices et la cruauté à l’égard de certains êtres étant des sujets endémiques aux indigènes et à leur passé, ces derniers rendent inévitablement des décisions plus sociales et plus humaines que dans le reste du monde. Tous souhaitèrent mettre fin aux maltraitantes subies par les animaux pendant leur dressage et à celles liées à leurs conditions de captivité. Cette loi fut publiée en juillet 2009 et la Bolivie était à l'époque le premier pays du monde à avoir interdit tous les animaux dans les spectacles de cirque. Aujourd'hui quatre pays interdisent l'utilisation de tous les animaux dans les cirques : la Bolivie, Chypre, Malte et la Grèce. Treize pays n'interdisent que les animaux sauvages : L'Autriche, la Bosnie-Herzégovine, la Croatie, la Slovénie, la Colombie, le Costa-Rica, le Salvador, le Panama, le Paraguay, le Pérou, Singapour, le Mexique et Israël. L'Estonie, la Hongrie et la Pologne interdisent quant à eux d'utiliser dans des cirques les animaux qui sont nés dans la nature. Notez aussi que la France n'interdit rien du tout...

Le gouvernement d’Evo Morales est également le seul gouvernement au monde à avoir fait passer une loi sur les « Droits de la Terre-Mère » (la Ley de Derechos de la Madre Tierra) qui consacre l’égalité des droits de la nature aux droits des êtres humains. Ce texte de loi s'inspire directement des croyances et des traditions populaires andines, en particulier celle de la Pachamama (qui signifie en langue quechua : « Terre Mère » ou « Terre Nourricière ») Le culture de la déesse-terre reste très vivant dans les communautés quechuas et aymaras dont l'origine remonte à l'ancien empire Inca (Equateur, Pérou, Polivie andine, nord du Chili et nord)-ouest de l'Argentine).

Le texte législatif du Gouvernement Morales introduisit onze droits fondamentaux pour la nature dont le droit de vivre et exister, le droit de perpétuer les processus naturels indépendamment de toute intervention humaine, le droit à l'air pur, le droit à l’eau pure et à de l’eau propre, le droit de ne pas être pollué ou encore le droit à la diversité et à la non modification cellulaire ou génétique. Cette loi introduisit par la même occasion un certain nombre d'obligations légales au niveau institutionnel et inscrivit le développement durable aussi bien dans la vie politique locale et nationale.

Evo Morales a également réussi à mettre en place un système de gestion public de l'eau dans la capitale La Paz et sa banlieue El Alto. Il institua un Ministère de l'Eau en janvier 2006. La même année, il annonça par décret et à la surprise générale, la nationalisation des hydrocarbures et la renégociation de tous les contrats des entreprises étrangères dans un délai de 180 jours (comme quoi quand on veut, on peut). L'objectif était que 82% des revenus des hydrocarbures soient réservés à l’État et non plus à des multinationales étrangères. Des présidents se sont faits renversés pour moins que ça (Arbenz au Guatemala, Mossadegh en Iran..) Vingt-six multinationales pétrolières ou gazières étrangères étaient implantées en Bolivie. Il affirma à leur propos que ces dernières auraient désormais un statut "d'associé, non de propriétaire ni de patron" mais que leurs biens ne seraient ni expropriés ni confisqués. « A partir de cette date, les entreprises pétrolières doivent remettre le contrôle de la production à l’entreprise d’Etat YPFB », indiquait le décret, dont la promulgation a été suivie par l’intervention de l’armée sur différents sites pétroliers. Salué par la population, ce décret a également contraint les entreprises à payer 50 % d’impôts, contre 18 % auparavant, et à renégocier un contrat à l’avantage de l’Etat.

Huit ans après, la grande majorité des entreprises qui opéraient en Bolivie comme Total, Repsol ou Petrobras étaient toujours là. Elles ont signé un nouveau contrat avec l’Etat bolivien et les investissements directs étrangers continuent d’arriver dans le secteur. « Les entreprises payent entre 70 et 75 % d’impôts à l’Etat », souligna M. Arze. « Finalement, l’Etat n’a pris le contrôle que de deux entreprises, en rachetant une majorité de leurs actions, ce qui lui donne le contrôle de seulement 20 % de la production nationale de gaz », souligna le chercheur Marco Gandarillas du Centre de documentation et d’information sur la Bolivie (Cedib). En janvier 2007, l'Entreprise publique sociale d'eau et d'assainissement (Epsas) se substitue à la compagnie Aguas de Illimani, une filiale du groupe Suez dont le contrat de concession est rompu moyennant une compensation financière

Morales annonça ensuite la nationalisation future d'autres ressources naturelles à savoir les mines, les forêts et toutes les ressources naturelles. Et il commença à mettre en place sa politique. En février 2007, il nationalisa le Complejo Metalúrgico Vinto (complexe métallurgique de Vinto), à huit kilomètres d'Oruro, dont l'étain était exploité par Sinchi Huayra, une filiale de Glencore International, l'un des plus grands conglomérats du monde. Morales avait alors indiqué que le complexe minier, créé dans les années 1970 sous Hugo Banzer, avait été privatisé et vendu à Glencore par Gonzalo Sánchez de Lozada, le président bolivien chassé à la suite de la « guerre du gaz », qui s'était, selon Morales, enrichi illégalement lors de cette vente.

Là où l'ancien président du pays Gonzalo Sanchez de Lozadas avait dans les années 90 privatisé la compagnie aérienne du pays, l'entreprise de téléphonie, les chemins de fer, l'entreprise d'électricité et l'entreprise de pétrole (exactement ce que font nos gouvernants français depuis 20 ans), Evo Morales a fait l'inverse! En six ans (de mai 2006 à mai 2012) le président Evo Morales aura ainsi renationalisé seize entreprises considérées comme stratégiques dans les domaines des hydrocarbures, de l'eau, de la métallurgie ou de l'électricité. Contrairement au Chili ou l'Argentine, la Bolivie n'a pas privatisé l'exploitation des réserves de Lithium. Pour ce pays c'est la souveraineté populaire ou rien. Robert Carvajal, vice-ministre des Sciences et de la Technologie de Bolivie, estime que des usines produisant des batteries au lithium pourront être opérationnelles en Bolivie en 2018 et qu’elles créeront des milliers d'emplois. Elles se situeront à Santa Cruz, poumon économique national, ou dans El Alto, banlieue de la capitale, deux centres urbains industrialisés et riches en main d’œuvre. Très clairvoyant, Morales s'est dit contre toute exportation de lithium brut et préfère inciter les compagnies étrangères à venir s’installer au pays. Il ne faut pas d'ailleurs que le pays se permette de trop traîner pour lancer ses marchés car d’autres gisements ont été découverts, notamment au Mexique, en Argentine et au Chili et qu'ils ont déjà commencé à être exploités. De leur côté les coréens assurent avoir mis au point une technique pour extraire le lithium de l’eau de mer.

Petit retour sur l'ancien président bolivien Gonzalo Sanchez de Lozada 

A l'issue de la guerre du Pacifique (1879-1884), guerre qui opposa le Chili au Pérou et à la Bolivie, le Pérou perdit la région de Tarapaca et la Bolivie perdit sa province littorale, c'est à dire 400km de côtes et son accès à la mer (c'est d'ailleurs toujours le cas). 


Lorsque que le président Gonzalo Sanchez décida en 2003 d'exporter le gaz naturel bolivien vers les USA et le Mexique via le Chili sans l’aval de son peuple, ce dernier décida de se soulever. Les syndicats et les nombreux collectifs locaux des régions de Bolivie se mobilisèrent afin de mettre les réserves de gaz naturel boliviens (les plus importantes d'Amérique du Sud après celles du Vénézuela) au service des boliviens. Le peuple réclama la démission du président bolivien qu'il qualifia de "vendeur de la patrie"

Le président Gonzalo Sanchez ordonna alors une répression sanglante menée par l'armée et la police qui fit environs 70 morts et 400 blessés. Après le massacre du peuple, l'Indien aymara Felipe Quispe, dirigeant de la Confédération syndicale des travailleurs agricoles, déclara que le président n'avait "plu aucune autorité morale". Evo Morales qui était à l'époque porte parole de 30 000 familles de cocaleros (les cultivateurs de coca) et député du Mouvement vers le socialisme (MAS, premier parti d'opposition) rejeta le dialogue proposé par le chef de l'Etat car il n'était que consultatif et ne prévoyait nullement la conviction d'un référendum sur la question du gaz. Les mobilisations et le blocage des routes se poursuivront jusqu'à la démission de Gonzalo Sanchez de Lozada qui, pour éviter un procès concernant sa responsabilité dans les massacres, parti pour les Etats-Unis. En 2013 le Tribunal suprême de Bolivie donna son feu vert pour réclamer aux Etats-Unis l'extradition de l'ancien président et deux membres de son gouvernement, accusés d'implications dans le meurtres des civils lors de la "guerre du gaz".

Nouveaux progrès de la Bolivie

À la toute fin de l'année 2008, Evo Morales annonça avec fierté que la Bolivie s'était libérée de l’analphabétisme selon les standards posés par l'Unesco, la taux d’analphabétisme étant passé sous les 4 % (contre 13 % en 2005) selon les statistiques gouvernementales. La Bolivie est ainsi devenue le troisième pays de la région « libre d’analphabétisme » après Cuba en 1961 et le Venezuela en 2005.

Le 6 décembre 2009, Evo Morales est réélu dès le premier tour encore pour un second mandat en obtenant 64 % des voix, contre 27 % à son principal adversaire, le conservateur Manfred Reyes. Le MAS obtient en même temps la majorité absolue au Parlement bolivien. Peu de temps après, Manfred Reyes mis en examen s'enfuit pour les États-Unis, tandis que l'ex-gouverneur de La Paz, José Luis Paredes, s'exile en Argentine pour des raisons similaires.

Le 27 juillet 2011, à l'occasion d'une réunion de l'Assemblée générale consacrée au droit à l'eau et à l'assainissement à laquelle ont notamment pris part le Président de la Bolivie et le Secrétaire général de l'ONU, Evo Morales déclara : "Si l'eau est un droit fondamental humain, elle ne devrait plus relever du négoce privé ni être livrée aux entreprises." La Bolivie est d'ailleurs devenue le premier pays du monde à atteindre les objectifs de développement durable de l'ONU en matière de couverture en eau. De nombreuses délégations soulignèrent également durant cette Assemblée que l'accès à l'eau et à l'assainissement était une condition préalable à l'élimination de la pauvreté et qu'il était de surcroit intrinsèquement lié au droit à la vie, à l'intégrité physique, à la santé, à l'alimentation et à un logement décent.

Malgré les temps de crise, les chiffres boliviens impressionnent. En huit ans, la richesse nationale fut multipliée par trois, passant de 9,6 milliards de dollars (7,6 milliards d’euros) en 2005 à 30 milliards de dollars (23,6 milliards d’euros) en 2013, tout comme le PIB par tête. Dans le même temps, les exportations n’ont cessé d’augmenter pour atteindre plus de 12 milliards de dollars en 2013. Une tendance qui s'est poursuivit en 2014. Le 12 octobre 2014, Evo Morales est sans surprise réélu président pour la troisième fois avec 61 % des voix.

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